Sept années en Chine. 3
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C’est dans le courant du Sam-Youit (le troisième mois ) que l’on célèbre
la fête des Lanternes, qui consiste à en suspendre un grand nombre de
formes variées, et représentant des poissons, des quadrupèdes et des
oiseaux : à la nuit tombante les lanternes s’allument, et la foule des
promeneurs se répand de tous les côtés. J’ai moi-même vu un dragon
gigantesque, pouvant avoir plus de 100 mètres de longueur, dont le corps
entier était formé d’un grand nombre de lanternes; on l’apporta devant
notre factorerie, et les hommes qui en dirigeaient les mouvements le
faisaient avec tant d’ârt qu’on eût pu croire que c’était un animal
monstrueux qui s’avançait. Les Lanternes ne sont pourtant pas les seuls
divertissements du troisième mois; de toutes parts dans les rues
s’élèvent des baraques construites pour cette circonstance, où l’on
représente des pièces en l’honneur des héros et des demi-dieux que l’on
fête dans ce mois : les rôles de femmes y sont remplis par de jeunes
garçons, parce qu’il est défendu aux femmes de se montrer sur le
théâtre. Des processions pompeuses circulent dans les rues; on y voit
figurer des jeunes filles montées sur des espèces de tables que des
hommes portent sur leurs épaules. Ces porteurs entrent ainsi dans les
maisons riches pour y quêter au profit des prêtres de Tay-Pock (le dieu
du nord). Les filles qui remplissent ces rôles sont d’une classe telle
qu’il ne leur est permis de se montrer en public que dans cette seule
occasion. Mais c’est la fête des Lanternes qui est le principal
divertissement de ce mois, et le luxe, des illuminations dépend de
l’abondance de la récolte du riz. Si le peuple en a été satisfait, il
témoigne sa reconnaissance aux divinités par la grande quantité et
l’élégance des lanternes.