Voyage of the Embassy of the Dutch East Indies Company to the Emperor of China 1

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Voyage of the Embassy of the Dutch East Indies Company to the Emperor of China 1
Voyage de l'ambassade de la Compagnie des Indes orientales hollandaises, vers l'empereur de la Chine, dans les années 1794 & 1795: ou se trouve la Description de plusieurs parties de la Chine inconnues aux Européens, & que cette ambassade à donné l'occasion de traverser
WF00031A
Western
French
Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Mery (1750-1819)
1: 169-172
1797
Philidelphia
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On n’avait pas ceſſé de jouer la comédie pendant que tout ceci ſe
paſſait, & quelques Chinois montraient auſſi leur adreſſe ſur le

théâtre. Il eſt un de ces individus dont je ne puis m’empêcher de
parler, à cauſe de la force qu’il avait dans le pied, & parce que
de tous les faiſeurs de tours que j’ai vus à la Chine, il eſt le
ſeul qui m’ait paru digne d’être cité, puiſqu’en Europe même, il
aurait captivé l’attention des ſpectateurs.

Cet homme couché fur le dos, tient les deux jambes verticale-
ment en l’air. Sur la plante de ſes pieds eſt poſée une échelle de
ſix larges échelons, & dont l’extrémité inférieure eſt étendue &
plate. Enſuite un enfant de ſept ou huit ans grimpe ſur les
échelons, & aſſis ſur celui d’en haut il fait pluſieurs ſingeries,
tandis que l’homme tourne l’échelle ſur ſes pieds, tantôt dans un
ſens, tantôt dans l’autre. L’enfant deſcend & monte le long de
ces échelons, en formant autour d’eux des ſinuoſités, de ſorte que
des parties de ſon corps ſe trouvent alternativement ſur une face
de l’échelle, & ſur la face oppoſée. Ce jeu a duré au moins un
quart d’heure.

Quand le tour de l’échelle a été fini, quatre hommes ont
apporté un énorme vaſe de terre, qui peſait ſûrement plus de cent
vingt-cinq livres, & qu’ils placèrent dans le ſens de l’un de ſes
côtés , ſur les pieds de l’homme aux tours, qui le fît mouvoir,
ſoit circulairement, ſoit en le culbutant & toujours ſur ſes pieds ,
avec une grande vîteſſe. On mit enfuite l’enfant dans le vaſe au
moment où ſon ouverture était tournée à l’oppoſite de l’Empereur,
vers lequel l’homme ramena ſur le champ cette ouverture. Alors
l’enfant fît des ſignes de reſpect, puis il grimpa le long du bord ,
fut gagner le haut du vaſe, & aſſis au-deſſus , y prit toutes les

attitudes, ſe laiſſant pencher en avant ſur le bord qu’il tenait de ſes
mains, & égayant cet exercice par toutes ſes mines enfantines.

,

Je ne ſais ſi j’aurai réuſſi à faire partager au Lecteur l’impreſſion de
la hardieſſe de ces deux tours de force, pour moi je ne me rappelle pas
d’en avoir vus en Europe qui m’ayent autant ſurpris.