Les voyages de Kang-Hi. 2
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De distance en distance on avoit élevé des théâtres; les meilleurs
acteurs de l’empire avoient été rassemblés au nombre de plusieurs
milliers; de jeunes eunuques superbement habillés jouoient les rôles de
femme, et l’on représentoit à-la-fois les cent pièces qui composent le
recueil des chefs-d’œuvre écrits sous la dynastie des Yven. On avoit
sévèrement proscrit ces pièces licencieuses qui n’affligent que trop
souvent la décence. Des actions héroïques ou des drames touchants
excitoient dans tous les cœurs des sentiments généreux ou des émotions
douces. L’empereur avoit voulu que ses femmes et celles des principaux
mandarins pussent jouir de la fête donnée à la plus auguste personne de
leur sexe ; il avoit en conséquence fait élever en face de chaque
théâtre, ainsi que dans l’intérieur du palais, des loges grillées, d’où
nous pouvions tout voir sans être vues. On avoit rassemblé dans les
amphithéâtres destinés pour la musique tous ces nombreux instruments que
l’industrie chinoise a su trouver dans les différents régnés de la
nature. La trompette guerrière, la conque marine, le poisson de bois
creux, le tambour de peau, la timballe de cuivre, se faisoient entendre
à-la-fois; on avoit placé dans des bosquets les musiciens les plus
habiles; ceux-ci jouoient des différentes especes de mandolines et de
guitares , ou frappoient en cadence l’instrument des pierres sonores et
celui des clochettes d’airain ; au milieu de ces démonstrations
d’alégresse, on vit arriver l’empereur. Les colaos, vêtus de satin jaune
broché d’or, et montés sur des chevaux blancs comme la neige précédoient
sa chaise dorée, portée par seize officiers.