Les nouveaux voyageurs. 1

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Les nouveaux voyageurs. 1
Les nouveaux voyageurs en Chine et au Japon: beautés et merveilles de ces délicieuses contrées
WF00009A
Western
French
Victor Doublet (1806-1874)
35
1847
Paris: P.-C. Lehuby
Compiled by Le Chanoine de Sabine, fl. 1840s
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Les Chinois n’ont ni prédicateurs, ni avocats, ni conséquemment aucune
idée de ce que nous appelons pièce d’éloquence. Ils ont peu de poëmes de
longue haleine, et de tous nos genres de versification, l’ode est celui
qui est le plus en usage ; ils ont des vers rimés, d’autres qui ne le
sont pas, et leur poésie ne manque en général ni de douceur ni
d’agrément. Il n’y a point de théâtre public en Chine, la sévérité des
mœurs s’y oppose; mais il y a des troupes de farceurs ou d’histrions qui
vont dans les maisons où on les invite, et il n’y a que les gens riches
qui soient en état de se procurer cette espèce de délassement. Mais il
ne faut chercher, dans les comédies chinoises, ni régularité, ni
intérêt, ni aucune sorte de vraisemblance. Telle était chez les Grecs la
tragédie dans son berceau du temps de Thespis; tels furent en France nos
anciennes farces, nos moralités, nos mystères.

La musique des Chinois, plus imparfaite encore que leur théâtre, est
d’une platitude et d’une monotonie insoutenables. Ils ne connaissent
point l’art de la noter, et ils ne l’exécutent que par routine. Ils ont
des instruments à cordes et à vent, mais ils ne connaissent qu’une seule
partie qui est la même pour la voix. A l’égard de la diversité et du
contraste des parties, ils les traitent de cacophonie ridicule à
laquelle leur oreille ne saurait s’accoutumer.