La Chine, moeurs, usages, costumes

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La Chine, moeurs, usages, costumes
La Chine, moeurs, usages, costumes.
WF00007D
Western
French
Antoine Bazin (1799-1862.0)
2: n.p.
1825
Paris: Didot
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Mime exécutant une action scénique.

IL n’y a point de théâtre public en Chine : quand le gouvernement donne
des fêtes, il fait élever des échafaudages, destinés à des
représentations dramatiques, à des pantomimes; et ces théâtres
improvisés sont à jour et en plein air. Les décorations brillent surtout
par l’éclat des couleurs; les personnages sont richement costumés. Mais
une disposition qui est loin d’ajouter à l’effet ou à l’intérêt de la
pièce, c’est qu’on aperçoit presque toujours dans le fond les têtes des
musiciens de l’orchestre, placés ordinairement derrière la scène, qui
est large, mais dont la profondeur est peu considérable[1].

Ce pantomime est représenté d’après nature, ayant été esquissé sur les
lieux mêmes. A en juger par l’emblème guerrier (la plaque de Mandarin
militaire) qu’il porte sur la poitrine, il remplissait le rôle d'un
général, d’un grand capitaine, ou plutôt encore d’un conquérant, d’un
héros fameux dans l’histoire du pays. On serait disposé à le prendre
pour un matador ridicule et grotesque, si l’on pouvait ignorer que la
musique bruyante et les gestes extravagants sont les traits
caractéristiques de la Melpomène chinoise.

Dans les relations de l’ambassade envoyée par le czar Pierre-le-Grand à
la Chine, en 1721, il est question des jeux et des spectacles : “Un
jour,” dit le rédacteur du Voyage, “on eut la comédie à grand fracas. On
y vit des guerriers, fantassins et cavaliers, des gens qui se
brouillaient, puis se réconciliaient. Le diable vint aussi, mais il n’y
trouva pas son compte; tous ceux qui étaient là tombèrent sur lui, et il
fut tué.”

[1] “Entre autres preuves d’attention pour l'ambassadeur, le vice-roi
fit élever vis-à-vis de son yacht (dans le port de Tien-Sing ) un
théâtre, dont l’extérieur et les décorations étaient singulièrement
embellis par l’art avec lequel les Chinois savent marier cl faire
contraster les couleurs. On y joua successivement pendant le jour des
pantomimes et des drames historiques. Le costume des acteurs imitait
fidèlement celui des temps où avaient vécu les personnages qu'ils
représentaient. On apercevait les musiciens par-derrière le théâtre, qui
était large mais peu profond.”

STEAUNTON.

“Une société choisie, parmi laquelle se trouvaient les personnes de
l'ambassade, fut invitée (à Pékin) à la représentation d'une pantomime
dans la salle de spectacle appartenant aux dames du palais. Il y avait
trois théâtres les uns au-dessus des autres. Vis-à-vis celui d’en bas
étaient des loges profondes pour les principaux spectateurs. Au-dessus
de ces loges, il y avait des galeries enfoncées et grillées pour les
femmes, qui sans être aperçues pouvaient voir ce qui se passait sur
les differents théâtres. Les acteurs, au lieu de conserver la forme
humaine, revêtirent des figures d’animaux et même d'objets inanimés.
Ils jouaient à la fois sur les trois théâtres, et présentaient ainsi
un abrégé de la nature, de manière à faire croire à quelques-uns des
spectateurs que le sujet de la pièce était le mariage de l’Océan et de
la Terre. Celle pantomime avait plusieurs actes; elle dura presque
toute l’après-midi.”

(HUTTNER.)