Durant le feſtin on repreſenta des Comédies, on y fit & venir des
danſeurs de corde, des ſauteurs, ioueurs de gobeletz, & telle racaille
de gens, dont il auoit remply ſa maiſon, & qu’il nourriſſoit pour le
paſſe temps;& finalement eſtabliſſoit ſon entière félicité en ſes biens
& ez iours de ſa vie; ſans ſe ſoucier quelle en feroit la fin. Et certes
le Pere ne ſe ſouuenoit iamais auoir veu de ſemblables ieux, ny en
Europe, ny aux Indes, ou certes ilz font admirables. L’vn d’iceux
jettoit trois grandz couteaux longz de deux paulmes en l’air, & les
receuoit long-temps les vns apres les autres, par le manche, ſans iamais
faillir; vn autre couché en terre effeua les piedz ſur ſes eſpaules, &
auec iceux prit vn pot de terretreſgrand, & le jetta en l’air, puis le
rechaſſoit deçà & delà, de telle façon qu’il ſembieroit eſtre treſ
difficile d’en faire autant auec Lesmains. Il fit le meſme auec vn
tambour, & auec vnetable grande & haute quatre piedz. On repreſéta auſſi
vne Comedie par geſtes ſeulz de Geantz maſquez, ſuperbemet veſtus, &
aucun d’iceux ne parloit, que quelque autre de derriere le theatre qui
prononçoit tout ce que chacun d’eux deuoit dire. Mais rien ne peut eſtre
plus admirable qu’vn enfant, lequel apres auoir tref-bien ſauté, eſtant
comme tombé en terre, ſe ſouſtint ſur les mains,& d’entre ſes piedz
ſortit vn autre petit enfant de plaſtre, fort naiſuement faict, qui ſe
ſeruant des mains comme despiedz, faiſoit d’vn art admirable les meſmes
fautz que l’autre auoit faict, puis eſtant auffi tombé en terre, il
commença à luicter auec l’enfant vif, d’vn artifice merueilleux, par
lequel vous euſſiez iugé qu’ilz eſtoient tous Deux viuans.